Lwów - Lvov


En lisant nos pages, vous devez certainement vous demander pourquoi tant de Polonais célèbres sont soit nés (comme Stanislas Leszczyński) soit ont étudié (comme Stéphane Du Chateau) à Lvov alors qu'il s'agir d'une ville située en Ukraine. Un peu d'histoire s'impose donc.

D'après les fouilles archéologiques le site de la ville fut habité à partir du Vème siècle mais la ville elle-même fut fondée au XIIIème siècle par le roi de Volhynie, Danylo qui la nomma en honneur de son fils - Lev (qui signifie "lion" dans les langues slaves d'où l'appellation latine de Lvov: Leopolis; de plus un lion figure dans ses armories). Lorsque le dernier descendant de la dynastie des Romanovitch décéda, la ville revint au prince de Mazovie, Boleslas le Grand. Après la mort de ce dernier, le roi de Pologne Casimir III le Grand, son neuveu, hérita de la ville et la reconstruisit totalement, la dotant notemment d'une forteresse et d'une cathédrale; son nom devint Lwów [prononcer "Lvouf"] (Lvov étant l'appelation russe et en ukrainien son nom est Lviv). En 1390 la reine Hedwige de Pologne incorpora Lvov et sa région au Royaume de Pologne, scellant ainsi une page d'histoire qui durera près de six siècles.

Lvov devint alors capitale d'une voïvodie (région ou province) polonaise et était située sur un important axe commercial de la mer Baltique à la mer Noire. Douée d'une population multi-ethnique et multi-réligieuse, la ville devint un important centre économique et culturel. Au milieu du XVIIème siècle Lvov comptait environ 30 000 habitants.

Au XVIIème siècle la ville connu plusieurs sièges; en 1649 elle fut assiégée par les Cosaques qui se sont insurgés sous l'égide de Bohdan Khmielntiski (battu finalement à la bataille de Beresteczko), en 1656 par les troupes suédoises (qui se sont finalement retirées de Pologne) et en 1672 par les troupes turques du sultan Mehmet IV (battus par l'hetman Jan Sobieski, futur roi) mais ne fut capturée et pillée pour la première fois de son histoire qu'en 1704 par les troupes de Charles XII de Suède lors de la Grande Guerre Nordique. Cette fidélité à la Couronne polonaise lui valut l'inscription "Semper fidelis" ("toujours fidèle" en latin) dans son emblème.

En 1772, suite au premier partage de la Pologne, Lvov en fut arrachée et devint la capitale de la province autrichienne de Galicie, prenant le nom officiel de Lemberg. La langue officielle devint l'Allemand et les postes-clés furent donnés aux Autrichiens. Mais en 1784 l'Empereur Joseph II rouvrit l'université qui enseignait en Polonais, Ukrainien et Allemand. Toutefois au XIXème siècle les Autrichiens commencèrent une politique de germanisation; l'unique langue d'enseignement fut l'Allemand.

Mais dans les années 1860 la Galicie fut dotée d'une certaine autonomie, il y eut notemment la création du Parlement de Galicie. Cette province fut la seule partie de l'ex-Etat polonais dotée d'une libertée politique et culturelle et Lvov fut le principal centre de la vie culturelle et politique polonaise. Parallèlement, elle mit au monde un mouvement patriotique ukrainien. La ville avait aussi ses députés au Parlement à Vienne.

A la suite de l'effondrement de l'Empire Austro-hongrois, la République d'Ukraine occidentale proclama son indépendance à Lvov en 1918. Mais la population polonaise de Lvov s'insurgea et les troupes ukrainiennes encerclèrent la ville qui fut défendue par les "aigles de Lvov". Une commission inter-alliée réunie à Paris décida alors de mettre Lvov sous administration polonaise. Dans les mois qui suivirent le reste de la Galicie fut conquis par l'armée polonaise et la République Populaire d'Ukraine signa un accord militaire avec la Pologne contre les bolcheviques.

En 1920 éclata la guerre polono-soviétique qui se solda par le cuisant échec de l'Armée Rouge à la bataille de Varsovie, une des "huit batailles qui ont changé le cours de l'histoire". Lvov demeura en territoire polonais et redevint capitale de voïvodie pour 19 ans, redevenant également un des principaux centres scientifiques et culturels de Pologne.

Le 12 septembre 1939 l'armée allemande atteignit Lvov commençant la bataille de Lvov qui dura 10 jours. La diversion du général Władysław Langner s'avéra infructueuse et le 19 septembre, deux jours après sont entrée en Pologne (conformément au pacte germano-soviétique), l'Armée Rouge prit le relais de la Wehrmacht dans le siège de la ville. Le 23 septembre le général Langner rendit la ville aux Soviétiques commandés par le maréchal Timochenko.

La Pologne fut alors divisée en deux parties, Lvov se trouvant dans la partie soviétique. Les déportations de centaines de milliers de Polonais vers la Sibérie, en premier lieu les intellectuels, les professeurs, les enseignants et les ex-fonctionnaires, commencèrent. Suite à l'entrée en guerre de l'Allemagne contre l'URSS, Lvov fut prise par la Wehrmacht et ce sont alors les Allemands qui commencèrent les déportations vers les camps de concentration. Le 23 juillet 1944 le commandant local de l'Armia Krajowa (organisation de résistants de droite) ordonna l'insurrection et au bout de quatre jours de combat la ville fut aux mains des Polonais. Toutefois peu après les résistants furent arrêtés par le NKVD (futur KGB) et déportés.

La ville fit à partir de 1945 partie de la République Socialiste Soviétique d'Ukraine, incorporée à l'URSS. La population polonaise fut expulsée, notemment vers les terres prises sur les Allemands et données à l'issue de la conférence de Yalta à la Pologne en "dédommagement" de ses territoires à l'est pris par l'URSS. Lvov devint alors le centre ukrainien de la résistance à la russification. Une grande partie de la classe politique ukrainienne actuelle (dont le président Iouchtchenko) est originaire de Lvov.

Chapelle des Boim (photo Zbigniew Macowicz)

Chapelle des Trois Saints (photo Zbigniew Macowicz)

Le Grand Théâtre (photo Zbigniew Macowicz)

 

L'Ecole Polytechnoque de Lvov (photo tirée de "Lwów, miasto wschodu i zachodu" [Lvov, ville d'orient et d'occident] d'Aleskander Strojny aux éd. Bezdroża, Cracovie 2001


Copyright (c) 2005 by Michel Zacharz